« Back to Back » des Los Angeles Lakers, le début d’une dynastie ?
En remportant le 16ème titre de leur histoire au terme d’une finale d’anthologie face aux valeureux Boston Celtics, les Los Angeles Lakers ont donc réalisé le « back to back » (le doublé). Possèdent-ils désormais le potentiel pour devenir une dynastie ? La question mérite d’être posée.
L’Intensité : voilà l’adjectif qui caractérise selon moi le mieux cette finale NBA 2010. Chaque match fut âprement disputé, les défenses prenant très souvent le pas sur les attaques. La statistique cruciale de cette finale, c’est que l’équipe qui a dominé le rebond lors d’une rencontre a toujours remporté la victoire. Cela se vérifie sur les 7 matchs de la Finale. Ce « clasico » de la NBA (c’était la 12ème opposition en Finale entre les 2 franchises depuis la création de la NBA) a tenu toutes ses promesses et a véritablement enchanté les fans de Basket-Ball du monde entier : des matchs serrés la plupart du temps, des actions de haute volée, des renversements de situation ainsi qu’une dramaturgie permanente.
Il y a 2 ans, cette même affiche avait donné les Boston Celtics vainqueur du championnat NBA en 6 matchs. Leur défense, leur rage de vaincre, leur intensité et leur mentalité avaient fini par faire la différence face à un Kobe Bryant trop esseulé face aux prises à 2 voire à 3 des Celtics, tactique mise en place par Doc Rivers et ses assistants afin de limiter l’impact en phase offensive de Kobe, arme fatale numéro 1 des Lakers depuis maintenant plus d’une décennie. Pau Gasol était passé à côté de son sujet, Lamar Odom n’avait pas pu rivaliser face aux « Big Mens » de Boston et Derek Fisher, pour une fois, n’avait pas forcément mis de shoots décisifs. Cette fois-ci, en 2010, les Lakers avaient promis que les choses seraient différentes, qu’ils ne répèteraient pas les mêmes erreurs. Au final, même si les Lakers se sont fait peur après ce game 5 qui donnait un avantage de 3-2 en faveur des Celtics, ils ont globalement prouvé lors de cette finale que leur niveau défensif s’était amélioré, que leur mentalité n’avait rien à envier à celle des C’s, et que leur talent offensif était légèrement supérieur à celui de leur adversaire.
Alors comment expliquer tout cela ? Et est-ce que la réalisation de ce back to back implique nécessairement le fait que les Lakers deviennent une dynastie ?
Le retour des Los Angeles Lakers au premier plan, c’est le transfert de l’intérieur espagnol Pau Gasol en 2008. Depuis le départ de Shaquille O’Neal en 2004, la présence intérieure des Lakers s’était considérablement affaiblie. Gasol a amené sa taille, sa technique et ses moves offensifs à une équipe qui se reposait depuis 3 ans uniquement sur le talent de Kobe. Depuis ce trade de l’espagnol, les faits sont clairs, nets et précis : 3 saisons, 3 finales NBA, 2 titres. La combinaison d’un intérieur dominant avec le meilleur joueur de la décennie 2000-2009 est bien entendu le premier facteur de ce succès. Kobe peut se reposer sur la présence de Gasol au rebond offensif, sur ses actions fluides, sur son « Basket I.Q », c'est-à-dire son intelligence de jeu, ainsi que sur son rôle de « libéro » de la défense (2m13 couplé à une mobilité exceptionnelle pour sa taille, cela compte énormément). En se reposant sur cette combinaison, le coach le plus titré de l’histoire, Phil Jackson (également entraineur des Chicago Bulls de Jordan dans les années 90) a su bâtir un collectif bien huilé avec un rôle bien prédéfini pour chacun des éléments : Derek Fisher apporte son leadership, ses shoots à 3 points et son sang froid dans les moments clés, Pau Gasol sa technique, son jeu offensif et sa présence dissuasive dans la raquette, Andrew Bynum permet aux Lakers de posséder un tandem d’intérieur à plus de 2m10, de surcroit ses progrès accomplis grâce au soutien bienveillant de la référence en la matière Kareem Abdul-Jabbar lui permettent de prendre sa chance en un contre un, Ron Artest se charge de défendre sur le meilleur scoreur adverse (demandez à Paul Pierce si il a passé un bon moment avec « Ron Ron » sur le dos lors de ces finales… !) et occasionnellement se permet des actions décisives dans le money time (Buzzer Beater vs Phoenix en finale de conf’ par exemple), Lamar Odom est devenu depuis l’année dernière 6ème homme, maintenant ainsi le niveau global de l’équipe dés lors que les rotations de joueurs se réalisent par sa capacité à jouer à tous les postes du Basket-Ball (il peut très bien jouer meneur, ailier, ou ailier fort…), Jordan Farmar et Shannon Brown (le dunkeur) dynamisent l’équipe par leur acticité sur les lignes arrières, Vujacic peut périodiquement bombarder à 3 points.
Ainsi, Kobe peut se reposer sur ses lieutenants dés lors qu’il a des difficultés à scorer sur les défenses ultra-resserrés. Le match 7 des finales 2010 en est la parfaite illustration. Kobe essaie dés le début de prendre le match à son compte, mais Phil Jackson lui fait comprendre qu’il ne peut pas gagner ce match à lui seul, surtout face aux prises à 3 des Celtics. Maladroit au shoot, il se décide à faire autre chose pour aider son équipe à gagner, résultat : 15 rebonds et une défense de tous les instants que ce soit sur Paul Pierce, Ray Allen, et surtout Rajon Rondo. Ajoutez-y la science du basket de Derek Fisher, l’impact de Ron Artest, la technique de Pau Gasol et l’apport de Lamar Odom et vous comprenez pourquoi, au final, les Lakers sont arrivés à surpasser l’obstacle vert. Ce « back to back » réalisé par les Lakers reste donc un magnifique exploit sportif, et connaissant la soif de victoires toujours plus grande d’un Kobe Bryant, on imagine mal ce dernier s’arrêter là.
Les Lakers ont d’ailleurs déjà pris les devants : au cours de la saison régulière, ils ont prolongé Pau Gasol et Kobe Bryant jusqu’en 2014, ce qui implique que ce tandem possède encore 4 saisons de Basket-Ball à évoluer ensemble, donc 4 opportunités de nouveau titre. Bien sûr le temps fera son œuvre, les 2 joueurs auront respectivement 34 et 36 ans en 2014, leur niveau de jeu sera éventuellement légèrement altéré, quoique le physique hors norme d’un Kobe Bryant peut lui permettre, à l’image d’un Michael Jordan, d’évoluer à un très haut niveau encore à cet âge là. On peut également faire confiance à l’équipe dirigeante des Lakers concernant les petites retouches à apporter à l’effectif afin qu’il maintienne un très haut niveau de compétitivité (le banc peut notamment être amélioré, il faut également penser à l’après Fisher à la mène). La seule interrogation actuelle, sur le très court terme, concerne la décision de Phil Jackson (et ses 11 titres NBA, record absolu) de prolonger encore l’aventure ou pas. Son état de santé se dégrade, sa mobilité est réduite et on sait que les longs voyages lors de la saison régulière commencent à lui peser. Dans le cas ou il serait amené à prendre du recul par rapport aux Lakers, un coach « maison » doit absolument être nommé (Brian Shaw, actuellement assistant coach et membre des Lakers lors du « Threepeat » au début des années 2000, pourquoi pas D-Fish lorsqu’il mettra un terme à sa carrière de joueur, quand on voit son leadership et sa connaissance du jeu il me semble être un candidat naturel) afin de perpétuer cette dynamique de winners, c'est-à-dire continuer tout mettre en œuvre pour que les Lakers version 2009 & 2010 ne soit pas simplement une très grande équipe de Basket, mais une dynastie.
Bien entendu la concurrence sera rude, un mec comme Lebron James va avoir une soif de titres inqualifiable lors des prochaines années, d’autres joueurs aussi (Carmelo Anthony, Chris Paul, Kevin Durant, pour ne citer qu’eux…), mais une dynastie doit être justement capable de faire face à cela. On se posait la question en 2002 après les 3 titres de Kobe & Shaq de savoir combien de titres allaient-ils encore remporter (finalement aucun de plus…), mais force est de constater que l’ambiance et les conditions n’étaient pas assez solides afin de perpétuer ce cycle de victoires. Les Lakers actuels réaliseront-ils ce qui ne fut pas possible 10 ans plus tôt ? Bien sûr, l’époque «Showtime » des années 80 (Magic, Kareem A. Jabbar, Scott, Worthy, le coach Pat Riley, etc.) était une dynastie, ils ont eux aussi réalisé un doublé (1987 & 1988), ont remporté 5 finales en 8 ans, joué 9 finales NBA en 11 ans, le fait est qu’aujourd’hui Kobe Bryant possède désormais 5 bagues de champion et son rêve ultime, on le sait, est de dépasser MJ et ses 6 titres. Cela sera passionnant à suivre pour tous les amoureux de Basket-Ball (et des Lakers en particulier, like me !!!).
We Keep in touch',
Yannoushow.